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Un peu de Ketchup avec votre diplomatie?

Photo du rédacteur: Philippe CartauPhilippe Cartau

Depuis la nuit des temps, la table fait partie de la diplomatie.


Quel meilleur moyen d’accorder les esprits que de le faire autour de mets et de vins qui font de même ? Car les méandres de la pensée présentent toujours suffisamment de malentendus en mal de clarifications pour nécessiter à minima le temps d’un repas gastronomique, sachant que par repas gastronomique, les frites ne font pas office d’entrée, le burger de plat, ou le Sunday de dessert.


Par repas gastronomique, nous invoquons à minima l’élément de cérémonial qui montre l’importance que nous accordons à nos convives ; nous faisons appel à la qualité de la préparation qui illustre l’impératif de véracité et de pertinence des arguments ; nous sollicitons la recherche dans les accords qui met en en exergue l’impératif d’être autant à l’écoute de nos sens que de nos interlocuteurs.


Le repas permet de partager bien plus que l’objet de la rencontre. Il permet de tisser des liens qui perdureront plus longtemps que nos désaccords, comme ce fut le cas lors de la visite des Kennedy le 31 mai 1961. A l’occasion du déjeuner offert en leur honneur, le général prend l’occasion d’échanger et de nouer une relation avec Jacqueline Kennedy, assise à sa droite. Car il faudra trouver d’autres terrains d’entente, comme la culture, pour pallier aux perspectives qui s’opposent :


« Pour Kennedy, la défense de l’Europe et celle de l’Amérique du Nord sont indissociables. Pour de Gaulle, la défense de l’Europe et plus particulièrement de la France ne doivent pas dépendre des États-Unis. » (André Kaspi, A la table des diplomates.) Le Général enfonce le clou : «  Puisque personne ne peut être sûr plus longtemps que les États-Unis utiliseraient leurs armes nucléaires d’entrée de jeu, la sécurité de l’Europe doit être assurée par les pays européens, non pas sans les États-Unis mais pas exclusivement par les États-Unis. » (A la table de diplomates)


Les conversations sont restées chaleureuses, malgré ce désaccord persistant. Et si les désaccords sont légions en ce monde, ils n’empêchent nullement de partager la table.

Ainsi, Yasser Arafat est l’invité d’honneur le 22 octobre 1993 en tant que « Président du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine. » En effet, depuis le 13 septembre 1993, l’OLP acquiert une stature internationale reconnue avec les accords d’Oslo signé sur la pelouse de la Maison Blanche. On l’accueille, ainsi que son épouse Soha, au Quai d’Orsay, où l’institution gastronomique leur servira des Noix de Saint-Jacques aux Petits Légumes, ainsi qu’un Grenadin de Veau aux Girolles, suivi de fromages et du dessert. Jus de fruits, vins d’exception et champagne viendront donner du piquant à cette consécration.


Pourtant, malgré ce succès gastronomique couronnant un succès diplomatique, Arafat apprend lors de son séjour parisien l’assassinat de l’un de ses fidèles à Gaza. Comme quoi, certains ont du mal à digérer la meilleure des choses.


Si les repas peuvent couronner des succès, ils peuvent aussi nourrir des attentes. Ainsi, le 23 avril 1960, quand le Général de Gaulle accueille Nikita Khrouchtchev, les deux chefs d’Etats ont des objectifs bien précis. Nikita, de son côté, vient de se mettre en froid avec Mao qui lui demande l’arme atomique alors que l’objectif du Soviet est de relâcher les tensions entre grands blocs afin d’investir dans le développement interne de son empire. Un froid durable s’installait entre ces deux frères communistes. Kissinger viendrait profiter de cette fraîcheur une décennie plus tard.


Le Général, de son côté, cherche à s’entendre avec l’URSS : « Pour la France, la question algérienne et la décolonisation sont des préoccupations majeures et une amélioration des relations avec l’Etat soviétique est nécessaire. le général de Gaulle se prépare alors à négocier avec les Algériens et il veut s’assurer que l’URSS ne soutiendra pas le FLN, et que Moscou calmera les communistes français acharnés à se poser en avocats des insurgés. Pour la puissance russe, l’affaire algérienne paraît être un moyen de peser sur la politique allemande de la France et sur ses relations avec l’OTAN. » (Hélène Carrere d’Encausse, A la table des diplomates)


Charles et Nikita y croient. Le général, n’a-t-il pas dit quelque mois plus tôt (22 nov. 1959) qu’il existe une Europe qui va de l’Atlantique à l’Oural ? Perdu dans la traduction, peut-être Nikita n’a-t-il pas compris. Car deux mois plus tard, lorsqu’un avion espion américain est abattu au-dessus de l’URSS, la France soutiendra les USA, au grand dam de Nikita.


Malgré ces déconvenues et déception, pour celles et ceux qui comprennent l’art de la négociation raisonnée, en opposition à la négociation de position, le repas reste l’endroit idéal pour identifier des solutions win-win. Mais ces repas restent toujours discrets car il n’est que dans l’intimité de la table restreinte que les idées les plus innovantes et osées peuvent prendre forme. Exposé au Live et à l’excitation de la masse, tout dirigeant est condamné à se retrancher dans sa position la plus dure et intransigeante. Ce n’est pas pour rien que le rapprochement entre la Chine et les USA, opéré par Kissinger, le fut dans le plus grand secret. Même si ce n’est que pour faire du business.


Philippe Cartau


Photograph: Richard Nixon, Chou Enlai, left, Chang Chun-chiao 1972, Bettmann/Corbis

 
 
 

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